Au début du 20e siècle, les Flamands sont nombreux, grâce à l’apparition du train, à rejoindre la Wallonie pour travailler dans les mines. Jusqu’à la deuxième guerre mondiale, ils vont extraire le charbon en compagnie d’ouvriers d’autres nationalités, polonaise notamment.
La deuxième guerre mondiale (1940-1945) laisse un continent européen ravagé. La misère règne en Italie où le niveau de chômage est très élevé et la situation politique très tendue. De son côté, la Belgique est confrontée à un déficit de charbon énorme qui l’empêche de se reconstruire et de faire fonctionner ses secteurs industriels (la métallurgie, le ciment, les fours à chaux, le textile…).
Dans un premier temps, la Belgique va se tourner vers la mise au travail des prisonniers de guerre allemands. En décembre 1945, 46.000 prisonniers de guerre étaient occupés dans les mines. Deux ans plus tard, les prisonniers de guerre allemands vont devoir être relâchés. Quant aux ouvriers belges, ils vont de plus en plus à contrecœur à la mine et la quittent à la première occasion. La question cruciale est alors de savoir par qui les remplacer.
L’Italie s’avère empressée d’exporter de la main d’œuvre et de s’assurer en échange du charbon indispensable à la reprise de son économie. En juin 1946, un protocole d’accord va donc être signé entre les deux pays. Il prévoit l’envoi de 50.000 travailleurs italiens dans les mines belges en échange du droit à 200kg de charbon par mineur et par jour, payés au prix plein par l’Italie. Très rapidement, les mineurs italiens vont être confrontés à une grande désillusion. Lors de leur voyage en train, ils sont accompagnés de gendarmes, d’hommes de la sûreté de l’État, d’un médecin et de deux ingénieurs des mines. Quant aux conditions de logement, elles seront loin d’être celles attendues. Ils se retrouveront donc logés dans d’anciens camps construits par les Allemands pour les prisonniers russes travaillant dans les mines. Ces camps étaient composés de baraquements en assez mauvais état pourvu d’un mobilier plus que rudimentaire. Présentées comme provisoires, ces conditions de logement vont en fait se maintenir longtemps.
Le travail dans les mines occasionne de nombreux accidents de travail et à diverses reprises l’Italie suspend l’envoi de nouveaux travailleurs. Mais, c’est après la catastrophe de Marcinelle (8/8/1956) -qui cause la mort de 262 mineurs dont 136 Italiens- que l’Italie suspend l’émigration vers la Belgique.
Elle se tourne alors vers d’autres zones de recrutement et conclut de nouvelles conventions bilatérales, notamment avec l’Espagne (1956) et la Grèce (1957) portant sur 3.400 travailleurs espagnols et 7.800 travailleurs grecs. Puis, ce sera le tour du Maroc et de la Turquie (1964).
« Ce 8 août 1956, les mineurs arrivent comme tous les jours à l’aube pour arracher les pépites de charbon, dont 600 tonnes sortent tous les jours de ce site du “Pays noir”, le surnom donné à la région de Charleroi.
Mais peu après 8 heures, une erreur de manipulation d’un wagonnet va entraîner des incidents en chaîne à l’origine d’un feu qui va rapidement se propager dans toute la mine, où des hommes sont enfouis jusqu’à 1035 mètres sous terre.
Les secours parviennent à sauver quelques vies le jour même et poursuivent leurs efforts pendant deux semaines, au cours desquelles les familles espèrent un miracle. Mais le 23 août, les derniers sauveteurs remontent définitivement à la surface. L’un d’eux prononce alors deux mots qui feront le tour du monde: “Tutti cadaveri”.
Au bout du compte, seuls une dizaine de mineurs auront survécu à la tragédie. Sur les 262 victimes, de douze nationalités différentes, 136 sont italiens. A l’époque, l’Italie, aux termes d’un accord signé dix ans plus tôt avec la Belgique, échange de la main-d’œuvre contre du charbon. En 1956, 47.000 de ses ressortissants travaillent dans les mines du Royaume, constituant à eux seuls plus de 30% des mineurs du pays et plus de 50% de ceux de la région de Charleroi.
Trois ans après la catastrophe, un procès en première instance débouche sur un acquittement général. En appel, une seule peine sera prononcée, celle du directeur des travaux du Bois du Cazier, Adolphe Calicis, condamné à six mois de prison avec 5 ans de sursis. Dans leur arrêt, les juges rappellent que “l’économie, quelle que soit son importance pour le bien général, ne peut prétendre étouffer les autres valeurs, la vie étant le plus grand bien de tous les biens et devant être protégée jusqu’aux limites les plus extrêmes”.
La catastrophe entraînera un renforcement des règles de sécurité minière, en Belgique mais aussi au niveau européen. Elle signera aussi la fin de l’immigration massive des Italiens vers la Belgique et ses mines. Le site du Bois du Cazier a quant à lui fermé ses portes onze ans plus tard, en 1967. Il a depuis été transformé en musée sur le passé charbonnier de la région.
(AFP, 8 août 2006)
Le mot immigration vient du latin immigrare qui signifie « pénétrer dans ».
Un émigré quitte son pays pour vivre dans un autre.
Un immigré vit dans un pays qui n’est pas son pays d’origine.
Un migrant est une personne qui va d’un pays à un autre, pour des raisons politiques, climatiques, économiques ou autres.
Le terme « réfugié » correspond à un statut défini par le droit international et désigne une personne qui a obtenu l’asile dans un autre pays car elle craint d’être persécutée dans son pays d’origine en raison de sa « race », de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques. Un réfugié peut aussi fuir son pays pour des raisons liées à la guerre ou au changement climatique.
Un réfugié est donc un migrant, mais un migrant n’obtient pas toujours le statut de réfugié.
Un demandeur d’asile est un migrant qui fait les démarches pour obtenir un statut et des papiers lui permettant de rester dans un pays d’accueil.
Un transmigrant est une personne qui traverse un pays afin d’en rejoindre un autre.
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